Les premiers pas

La consultation de cardiologie est le moment privilégié de la prise en charge. Elle doit être fixée si possible par rendez vous: le médecin aura alors prévu de se consacrer à son seul patient pendant ce temps.

Il est conseillé d’amener avec soi tous les examens déjà réalisés, ainsi que tous les documents médicaux que les patients auraient en leur possession: ce sont de précieux indices pour un cardiologue.

Le patient aura été envoyé chez un cardiologue la plupart du temps par un autre médecin – généraliste, urgentiste en cas de consultation angoissée au service des urgences d’un hôpital, diabétologue etc…

Toutes les consultations ne se ressemblent pas forcément mais elles cherchent à découvrir les mêmes éléments.

L’interrogatoire

L’interrogatoire est le premier temps. L’entretien commence très simplement: civilités, âge, profession souvent, situation sociale ou maritale. Le patient peut signaler tout ce qui lui semble important dans la prise en charge à venir (religion, situation de stress, émotion, affectivité…).

Puis le cardiologue fera sans doute le point sur les antécédents médicaux de la personne en face de lui, ou sur ses maladies intriquées. Il l’interrogera sur les facteurs de risque cardio-vasculaires et enfin sur ses symptômes, dans l’ordre qu’il choisira. Il se renseignera sur d’éventuelles intolérances ou allergies, ainsi que sur les traitements actuellement suivis. C’est le temps de l’anamnèse.

Le patient qui vient consulter est concerné par des symptômes dont il ne connait pas bien le nom, qu’il a parfois du mal à définir. C’est tout à fait normal, et l’on doit décrire en terme clair, tout simplement, ce que l’on ressent, de la façon la plus précise possible.

Les symptômes

Les symptômes possibles sont: la douleur thoracique, la dyspnée (l’essoufflement), la fatigue, les palpitations, l’anxiété, les céphalées (maux de tête), la douleur à la marche, l’hypertension artérielle, les œdèmes, ou des problèmes plus spécifiques encore liés au traitement. Ils peuvent survenir à l’effort ou au repos.

Le cardiologue devra en caractériser l’ancienneté, la durée, le type, l’importance, la gêne occasionnée, les facteurs déclenchant ou associés, les modes d’apparition et de disparition, la fréquence et le rythme, ainsi que la gravité.

L’examen clinique

Puis ce sera l’examen clinique, silencieux et attentif: classiquement visualisation, mobilisation, percussion (des aires tonales comme les poumons ou l’estomac), palpation, auscultation. L’examen peut être général, et cherchera de nombreux détails, mais plus souvent il commencera chez le cardiologue par être absolument spécialisé, sur l’aire cardiovasculaire, et pourra s’étendre.

Le cœur: on palpe parfois le sternum à la recherche du battement cardiaque. L’auscultation cardiaque se concentre sur quatre point principaux, et il est possible de demander au patient de se tourner sur le côté, de s’allonger ou de s’asseoir. L’auscultation recherche les bruits physiologiques (les deux battements du cœur), ainsi que les bruits pathologiques (souffle cardiaque). On écoute les quatre aires sur le sternum qui sont: aortique, pulmonaire, tricuspide et mitrale. On complète par une auscultation pulmonaire, à la recherche de signes d’insuffisance cardiaque (bruits crépitants, épanchement pleural …).

Les vaisseaux: le médecin palpe les pouls, qui doivent être présents et symétriques entre eux en intensité. Il peut ausculter le trajet de certains vaisseaux, notamment ceux des artères fémorales et carotides, et le trajet abdominal de l’aorte.

La palpation recherche des signes d’insuffisance cardiaque: un foie volumineux (hépatomégalie), un gonflement exagéré de la veine jugulaire (turgescence jugulaire), un gonflement provoqué de la veine jugulaire (reflux hépato jugulaire), des oedèmes blancs qui gardent la trace des doigts qui les serrent (qui prennent le godet).

L’examen peut se compléter par celui d’autres airs si besoin, notamment en cas d’hypercholestérolémie ou de diabète associé.

La mesure de la pression artérielle accompagne généralement la consultation. Elle est faite assise, le bras nu, avec un stéthoscope classiquement et un brassard à pression. Une pression artérielle se compose de deux chiffres: la pression diastolique (la période de tension passive des artères) et la pression systolique (la période où la tension est dite active: se rajoute aux résistances vasculaires la pression de débit dû à la contraction cardiaque).

Une pression artérielle normale s’exprime en unité de millimètre de mercure: elle doit être généralement en dessous de 140 pour la pression systolique, et de 90 pour la pression diastolique. Toutefois, l’objectif de pression artérielle est fixé par le médecin, qui peut l’adapter en fonction de l’état général du patient ou des maladies intriquées (insuffisance cardiaque, âge, diabète…). La variation de la pression artérielle d’un rendez vous à l’autre est d’une grande valeur pour le médecin.

Les examens complémentaires

Le cardiologue peut être amené à prescrire des examens complémentaires. Certains peuvent être faits dans le même centre de cardiologie, directement ou sur rendez vous. D’autres seront faits ailleurs, en clinique ou en laboratoire pour les prises de sang.

Les examens biologiques: une prise de sang, souvent à jeun, pour évaluer le diabète, le cholestérol, le métabolisme interne, les hormones, les enzymes cardiaques ou musculaires.

L’électrocardiogramme (ECG). L’échographie cardiaque. Le Holter ECG. Le Holter MAPA.

Fin de la consultation

Un nouveau rendez vous est fixé si besoin.Le patient pensera alors à amener avec lui le résultat des derniers examens qui viennent d’être prescrits.

Dans certains cas, un arrêt de travail peut être prescrit.

Le médecin peut être amené à rédiger une ordonnance de médicaments.

Le patient doit en prendre connaissance et se procurer les médicaments. Il doit poser toutes les questions relatives au traitement qui pourraient lui venir et veiller à ne jamais manquer de sa médecine (avoir toujours des médicaments en réserve ou en avance).

Certains traitements nécessitent une surveillance particulière (diabète, anticoagulants oraux…). Là encore des prises de sang peuvent être prescrites.

Le patient sera très attaché à tous les effets qu’il pourrait ressentir avec ces médicaments mais il ne les arrêtera pas lui-même: il contactera éventuellement son cardiologue (par téléphone cela suffit dans ce cas), avant de modifier le moindre traitement ou de le supprimer, et il lui expliquera ce qui lui serait arrivé. Il y a pour le médecin beaucoup de possibilités pour s’adapter, et d’autres médicaments conviendraient sans doute mieux.

Arrêter un traitement sans en prévenir son médecin est un risque: la relation de confiance doit s’être instaurée, et elle vaut dans les deux sens. Le cardiologue comprend aussi les réticences aux médicaments de ses patients, et il fera de son mieux pour les satisfaire en échange.

Le médecin peut s’autoriser à conseiller son patient sur son mode de vie: c’est son travail, et sa vocation. Une relation véritablement humaine doit prendre place: l’échange, l’écoute, l’apprentissage l’un de l’autre sont possibles, et chacun s’efforcera d’être cordial, clair et ouvert.