Le symptôme est la douleur.

La douleur peut survenir à l’effort: c’est l’angor d’effort.

La douleur peut survenir au repos: c’est l’angor de repos.

La douleur peut survenir au premier lever : l’angor de primo décubitus.

La douleur peut survenir après le repas: l’angor post prandial.

La douleur peut être inaugurale: angor de novo.

La douleur peut survenir de façon de plus en plus fréquente et raprochée, pour des efforts toujours moindres: angor crescendo.

D’une façon générale, l’angor d’effort qui ne s’accroit pas et qui est installé est appelé aussi angor stable. Il survient avec l’effort et s’arrête avec l’arrêt de l’effort.

L’angor de repos, l’ angor de primo décubitus, l’angor post prandial, l’angor de novo et l’angor crescendo ne sont pas stabilisés: c’est un facteur de gravité. Ils sont appelés angor instables.

Un angor instable est une urgence cardiaque relative: les patients doivent en connaître les symptômes – la douleur qui survient –  et consulter leur cardiologue ou en parler à leur médecin personnel au plus vite. Des explorations complémentaires seront réalisées sans tarder – pas le jour même mais de façon rapprochée. Des tests simples peuvent être faits rapidement.

L’ angine de poitrine ou angor (en latin angor pectoris = “constriction de la poitrine”) est une maladie cardiaque résultant d’un manque d’apport d’ oxygène au myocarde, secondaire à une diminution du débit sanguin dans une artère coronaire alors que l’effort réclame au contraire son augmentation.

L’artère coronaire est rétrécie. Elle n’est pas occluse comme dans l’infarctus du myocarde. Mais le risque est qu’à force d’évoluer, elle ne se bouche.

La douleur

C’est une douleur typiquement retrosternale – derrière la poitrine – qui dure plus d’une minute, déclenchée par l’effort le plus souvent, et qui cède à l’arrêt de l’effort. Elle irradie vers la mâchoire, les épaules, les coudes, et les poignets. Elle est intense, prolongée. Elle cède rapidement.

Comme pour l’infarctus du myocarde, la cause est due au manque d’oxygène: une artère du cœur au moins est rétrécie, et le métabolisme énergétique est amoindri pour le muscle en aval du réseau pathologique.

Alors pour maintenir le niveau d’énergie demandé, le muscle cardiaque va utiliser une deuxième voie de consommation métabolique (la première étant celle de la glycolyse aérobie, soit l’utilisation de glucose en présence d’oxygène): il s’agit du métabolisme anaérobie (l’utilisation de glucose en absence d’oxygène), qui va faire s’accumuler par réaction chimique de l’acide lactique dans le tissu musculaire. L’accumulation d’acide lactique provoque alors la douleur, qui est aussi le signal que l’effort n’est plus approprié pour l’organisme.

C’est comme une crampe du muscle cardiaque.

Lorsque la douleur survient à l’effort, il faut s’arrêter de s’exercer: normalement elle devrait céder.

Lorsqu’on reconnait, très simplement, les symptômes, la conduite à tenir est de prendre rendez vous avec son cardiologue ou d’en parler au moins à son médecin référent sans tarder.

Si la douleur ne cède pas, ce n’est plus un angor d’effort: la complication la plus grave est l’infarctus du myocarde avec tout son cortège.

Dans ce cas, la conduite à tenir est différente: il faut se mettre au repos, et demander secours – puis on sera conduit dans un service d’urgence immédiatement; ou bien faire venir un transport médicalisé (SAMU…).

Conduite à tenir

  • La première mesure est le repos.
  • La consultation spécialisée
  • Eviter la progression de l’angor:  ceci passe par la correction des facteurs de risque cardiovasculaires: arrêt du tabac, traitement du diabète, diète anticholestérolémiante, perte de poids
  • Le diagnostic précis: grâce à quelques examens complémentaires le cardiologue est à même de faire le diagnostic.

Les examens complémentaires sont au choix (généralement deux sont nécessaires): ECG, échographie cardiaque, angioscanner coronaire, échographie de stress, IRM cardiaque, scintigraphie cardiaque, épreuve d’effort ou coronarographie.

La coronarographie a une place de choix :

-elle définit l’atteinte pathologique: une artère coronaire

-elle localise d’où vient la lésion: quelle artère coronaire

-elle propose le caractère de l’urgence: gravité de l’atteinte coronaire

-elle permet d’établir un plan thérapeutique

  • La prise en charge thérapeutique comprend alors la prescription de médicaments, et le traitement le plus souvent de l’atteinte des artères coronaires par l’angioplastie ou le pontage aortocoronaire.

Les médicaments

  • les antiagrégants plaquettaires.

Ils sont le traitement primordial de l’angor. Ils inhibent l’adhésion des plaquettes et préviennent la formation du thrombus dans l’artère coronaire, qui amènerait à l’infarctus du myocarde.

Il en existe de plusieurs types, et ils peuvent être associés entre eux: en tous cas, il importe de suivre rigoureusement les prescriptions du cardiologue en charge, et de ne jamais arrêter le traitement sans en parler précédemment à son cardiologue.

  • les bêta bloquants.

Ils ralentissent le rythme cardiaque, diminuent le débit cardiaque, évitent l’augmentation des besoins en oxygène, et donc préviennent la douleur. Effet antiarythmique intéressant dans les atteintes dites ischémiques du cœur, qui se compliquent souvent de troubles du rythme du cœur.

  • les mesures de prévention des facteurs de risque
  • les antihypertenseurs, si besoin
  • les anticholestérolémiants.

Les anticholestérolémiants doivent être prescrits avec soin et rigueur par un spécialiste (cardiologue, ou endocrinologue). Cerrtains, comme les statines, une classe particulière, ont un effet anti inflammatoire local sur la plaque d’athérome et empêchent que celle-ci ne s’aggrave ou ne se rompe, ce qui entrainerait des complications, ou un infarctus du myocarde.

Le cardiologue veille à ne pas surcharger l’ordonnance mais chaque médicament prescrit a son importance. Au cours d’une vie et selon les étendues des avancées scientifiques, ces traitements pourront peut-être être modifiés, ou allégés, mais ce serait de la responsabilité du cardiologue d’en décider.

La prévention des facteurs de risque cardiovasculaires fait partie du traitement: arrêt du tabac, traitement du diabète, diète anticholestérolémiante, perte de poids.

Le stress est considéré et pris en charge: psychologue, hypnose...

Après une courte période de repos, l’activité sociale est la plupart du temps encouragée. Quelque fois, un reclassement professionnel s’avère aussi nécessaire.

Les traitements interventionnels

Les traitements interventionnels sont des traitements directement curatifs: ils visent à rétablir une circulation artérielle viable qui alimenterait convenablement en sang et en oxygène le muscle du coeur.

Il y a deux types de traitement interventionnel:

  • la chirurgie cardiaque de pontage:

Il s’agit de créer une dérivation, un pontage ou « bypass », entre l’aorte et le réseau d’aval, de la ou des artères du cœur qui sont atteintes. On peut pour cela extraire une veine de la jambe (veine saphène) et la coudre sur l’aorte et le lit d’aval de l’artère incriminée, ou déplacer l’abouchement d’une artère de bon débit et de beau calibre, le plus souvent une ou deux artères mammaires, qui naissent des artères sous clavières, pour les faire arriver là aussi au dessous de la sténose de l’artère coronaire.

Il s’agit de rétablir le flux dans l’artère coronaire à l’aide de techniques spéciales et de matériel dédié: schématiquement, un ressort déployé reconstitue le diamètre normal de l’artère.

Ces réparations ne dispensent pas d’un traitement médicamenteux: à la prise en charge classique de l’angine de poitrine s’ajoute le traitement maitrisé des complications éventuelles de l’intervention de réparation.

Enfin

Enfin, au cours d’une vie, les médicaments changent comme les interventions peuvent être répétées, améliorées ou modifiées.

Il s’agit de consulter fréquemment son cardiologue: une surveillance et des tests seront pratiqués. Le cardiologue prescrira ou renouvellera le traitement. En pratique, au moins deux consultations par ans sont reconnues comme nécessaire.