Prendre soin de soi n’est pas faire un voeu d’ego. Se recentrer n’est pas se replier. C’est s’intégrer positivement dans le monde et trouver sa place au milieu de tous, à espace égal, en même temps que prêter attention aux signes essentiels qui composent notre monde intérieur et qui nous mettent en communication avec celui que nous souhaitons devenir, avec ce que nous souhaitons être.

Il ne s’agit pas de prêter l’oreille à cette voix agitée qui ne fait qu’exiger pour soi à l’intérieur et que nous croyons notre conscience. Il s’agit plutôt de déceler les vérités sur notre être et sur les réalisations qui peuvent l’épanouir. C’est faire preuve de bon sens, et c’est se libérer des contraintes impersonnelles que l’on croyait acquises, qui siéent mal à tous et ne sont un réconfort pour aucun.

Prendre soin de soi, c’est se révéler à soi même et aux autres plus loin pour ce que l’on a d’unique. C’est une profession vertueuse qui est porteuse d’harmonie. C’est accepter ce que l’on a et avec quoi il faut faire, et agir dans le monde au nom de cet univers qui est le sien propre, inimitable, mystérieux, secret, qui nous constitue, et dont nous ne savons rien au fond.

D’où nous viennent nos goûts particuliers? Ils peuvent être éduqués mais chacun tendra très naturellement à résoudre un choix dans le sens du plaisir que du déplaisir. Pour Spinoza, c’est ce principe qui contient la réponse indicible à ce qu’est un être humain: il, ou elle, est une nature en mouvement vers lui/elle-même, dans le cadre commun, en accord toujours avec ses lois essentielles.

C’est vouloir se réaliser intrinsèquement, pour s’épanouir dans le monde. Car ce mouvement vers soi ne s’arrête pas là: par définition un mouvement est en cours, et c’est à ce moment là qu’il se continue vers les autres.

En ce sens, prendre soin de soi, c’est prendre soin de chacun.