Comment se fait-il qu’en période de grande fatigue notre visage devient terne, les ongles cassants, les cheveux secs? Notre peau, notre aspect semble changer tout entier alors qu’il ne s’agit que d’un état temporaire et mental. Comment se fait-il qu’en période de stress intense, des plaques d’urticaire ou d’eczéma peuvent apparaître sur les mains, certains perdent leurs cheveux ou blanchissent d’un coup, d’autres maigrissent ou au contraire grossissent sans rien changer à leur alimentation?
Tout ceci nous le constatons très naturellement: les conditions psycho actives entourent et conditionnent l’activité physique de base. Les répercussions de l’appareil neurologique sont visibles sur notre aspect, mais qu’en est-il pour la partie interne de ce corps? Imaginons-nous que le foie ou le colon, le coeur encore, et le cerveau lui même en tant qu’organe ne subissent pas les mêmes changements?
Les conditions neuro endocrines varient très subtilement et c’est alors tout un cycle de réponses physiologiques qui est mis en route par l’organisme. Les détections des modifications du psychisme entraînent une boucle d’actions et de réactions qui font batte le coeur plus vite, qui activent les capacités d’extraction d’oxygène des muscles, qui stockent le sucre rapide ou le relarguent au contraire, suivant l’intensité du stress.
Mais petit à petit la chronicisation de ces mécanismes de réponse aigüe est contre productive. Elle est d’abord contre nature, puisque l’organisme était initialement formé pour s’adapter à une menace, à un danger, à un état particulier, par la façon anormale d’une physiologie accentuée. La fatigue, le stress, la dépression, créent une somme d’actions en chaine qui amènent chaque muscle et chaque organe à fonctionner sur ce mode déplacé. C’est en quelque sorte une contre-physiologie improductive qui s’installe, et qui fait bien entendu le lit de la pathologie.
L’étude de la variabilité de la fréquence cardiaque est à ce titre un exemple. De façon très simple, on peut constater que le rythme cardiaque est régulier, et encore réglé sur les besoins de l’organisme: il s’accélère en cas de danger, pour illustrer. Pour un patient chroniquement anxieux, il a été décelé que cette fréquence et ce rythme n’étaient plus si réguliers: il s’accélère anarchiquement ou de façon mal dosée, et des écarts infimes entre chaque contraction peuvent s’installer, indétectables pour soi, mais décelables par des mesures electrocardiographiques. Or cette variabilité anormale de la fréquence cardiaque est reconnue pour être un facteur prédictif péjoratif d’insuffisance cardiaque. Autant dire que le stress chronique et mal appliqué dérègle ici le processus physiologique du rythme cardiaque même et provoque une maladie fatale lorsqu’elle est avancée.
Heureusement il est tout aussi simple de constater que la relaxation et l’apprentissage de moyens de gérer son stress par la respiration dirigée ou la méditation peuvent, à toutes fins utiles, à la fois combattre le mauvais ressenti psychique, mais encore plus loin diminuer le risque d’insuffisance cardiaque au long cours pour ces patients particulièrement anxieux.
C’est cette rétroaction dirigée par somato-psychisme qui boucle le cycle vertueux et signe l’importance de la considération psychique dans la prise en charge de la maladie organique.
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